Cette exposition rétrospective rend hommage à une figure majeure de l’art moderne égyptien : l’artiste Hamed Abdalla (1917-1985) dont l’œuvre prolifique au fil de cinquante-deux années de création a contribué à redéfinir les trajectoires de l’art dans les mondes arabes, africains et méditerranéens en contexte postcolonial.

Rassemblant un ensemble exceptionnel d’œuvres et d’archives conservées par la famille de l’artiste, l’exposition retrace les différentes étapes de sa vie et de son œuvre.

Peintures, dessins, lithographies et documents personnels sont mis en regard afin de recomposer le portrait de cet artiste singulier et de retrouver à travers son parcours les échos de toute une époque.

Né dans une modeste famille de paysans, Abdalla grandit au cœur du Caire populaire dans l’île de Rodah. Autodidacte, il enseigne très tôt la peinture et le dessin à toute une génération d’artistes égyptiens, parmi lesquels Tahia Halim (1919-2003), Inji Efllatoun (1924-1989) ou encore George Bahgory (1932).

Il se garde pourtant d’intégrer un groupe ou une école artistique, préférant mener une recherche qui lui est propre, nourrie par la vie du petit peuple qu’il connaît et comprend, mais aussi du langage plastique de l’art pharaonique, l’art copte et les arts de l’islam qu’il étudie avec beaucoup d’intérêt. Cette période donne lieu à un ensemble de productions qu’il appelle « Signes d’Égypte » : des œuvres enracinées dans la culture visuelle de son pays tout en dialoguant avec son histoire contemporaine. Les « signes » d’Abdalla voyagent en 1950 à Paris à la galerie Bernheim Jeune, puis à Londres, puis dans plusieurs villes européennes.

La trajectoire de l’exil au Danemark à partir de 1956 puis à Paris à partir de 1966 ouvre une nouvelle étape. C’est durant ces années qu’Abdalla invente une des facettes les plus singulières de son travail : le « creative word » qu’il nomme également mot-forme ou encore écriture anthropomorphique. Dans cette forme hybride, les lettres arabes se dotent de corps, deviennent figures et incarnent simultanément le sens du mot et sa manifestation visuelle voire charnelle : le mot « Amour » peut ainsi se transformer en étreinte, tandis que « Liberté » projette les poings vers le ciel dans un mouvement qui en souligne la portée. En brouillant les pistes entre signes et images, Abdalla dépasse la polarité entre abstraction et figuration et invente une troisième voie.

Hamed Abdalla poursuit ses expérimentations sur la forme et la matière tout au long de sa carrière (toiles au goudron et aluminium brulées au chalumeau, œuvres en papier froissé, sur miroir, etc.), couplées d’une exploration de thématiques politiques, poétiques et spirituelles.

Tissée entre plusieurs mondes — géographiques, esthétiques et culturels — l’œuvre d’Abdalla est soutenue par un engagement politique continu qui fait de l’acte de créer une manière d’agir et de défendre la dignité humaine.

Aujourd’hui, la reconnaissance internationale de Hamed Abdalla ne cesse de croître. Ses œuvres rejoignent les collections du Metropolitan Museum of Art à New York, de la Tate Modern à Londres, du Mathaf à Doha, sans oublier le Musée d’Art moderne égyptien au Caire. L’exposition de l’Institut du monde arabe Tourcoing emboîte le pas à ce mouvement pour faire connaître le travail de cet artiste à la lumière des derniers travaux en histoire de l’art.

Hamed Abdalla à Odense, Danemark, 1958

Commissariat
Nada Majdoub

Conseil scientifique
Mogniss Abdalla, Samir Abdalla, Katia Boudoyan, Simon Castel, Mario Choueiry, Morad Montazami

Du 7 mars au 12 juillet 2026
mardi > dimanche | 13h > 17h45

Institut du monde arabe-Tourcoing
9 rue Gabriel Péri, Tourcoing

Tarif plein : 5 € | Tarif réduit : 4 €
> Gratuit pour les détenteurs de la C’Art
> Accessible sur le Pass Culture

Visites guidées
> Samedis et dimanche à 15h30
> 7 / 5 €

> Visites en groupe
> Visites scolaires

Parmi les œuvres exposées…

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