Avant l’avènement du béton, le travail de la brique dans l’architecture domestique offre une certaine permanence architecturale de la Bagdad abbasside jusque dans la ville moderne du 20è siècle. Mais il existe aussi des parallèles entre le style éclectique du 20ème siècle à Bagdad et celui des maisons de la métropole lilloise. Cela s’explique par l’influence des architectes britanniques en Irak au cours du mandat de 1920 à 1932, mais aussi par la circulation transnationale des modèles: les catalogues européens sont en effet brillamment réinterprétés par les maîtres maçons bagdadiens, héritiers par ailleurs de techniques constructives millénaires remontant à la Mésopotamie.

Caecilia Pieri est chercheuse associée à l’Institut français du Proche-Orient, dont elle a dirigé l’Observatoire urbain basé à Beyrouth de 2011 à 2015. Titulaire d’un doctorat sur l’évolution urbaine de Bagdad (EHESS Paris, 2010), elle a été experte UNESCO pour le patrimoine moderne dans le monde arabe de 2012 à 2017. Parmi ses publications: Bagdad Arts Déco, architectures de briques 1920-1950 (2008), Le Gymnase de Le Corbusier à Bagdad (2014, avec Mina Marefat et Gilles Ragot), et Bagdad, la construction d’une ville moderne 1914-1960 (2015).